Distillerie La Roja

Un reportage-photo de Mathilde, épaulée par Amélie et Florine pour la rédaction, coopératrices de La Brouette

Nous sommes allés à la rencontre de deux jeunes entrepreneurs passionnés qui ont réalisé leur rêve, celui de fabriquer un Gin 100% bio et local dans le canton de Vaud. La distillerie se trouve dans la tour massive et bétonnée du moulin Bournu. À l’entrée, l’atelier aux murs bleu roi décorés de tableaux abstraits offre un cadre idéal pour élaborer de nouvelles recettes en toute sérénité. La convivialité du lieu et la douceur des propriétaires contrastent en tout point avec l’architecture du moulin Bournu. Dans la continuité de l’entrée suit une deuxième pièce, surnommée la « cathédrale » en raison de ses hauts plafonds sous les combles où prend place la distillation. La beauté rayonnante de l’alambic se caractérise autant par sa spectaculaire complexité que par ces tuyaux de cuivre rappelant les orgues des églises. Ainsi, Antoine et Julien y élaborent le Gin, la Vodka, le Bourbon et les alcools à base de fruits de leur production annuelle. L’envie commune et point de départ entre les deux associés est de produire du « grain à la bouteille » en s’engageant sur des procédés de fabrication écoresponsable. L’empreinte carbone est réduite au minimum puisque le maïs, le seigle et l’orge proviennent du domaine certifié bio d’un ami d’enfance situé à Ogens. 

À l’inverse de la majeure partie des vendeurs de spiritueux, les deux amis ont fait le choix osé de façonner leur propre alcool à distiller. Les industriels utilisent des alcools peu onéreux à 2chf le litre, se souciant davantage de leurs bénéfices que de la qualité. Des Gins insipides qui sont « sans âme, marqués par un goût de détergent hospitalier » atteste Antoine. Les consommateurs ne perçoivent pas forcément ce goût de produit nettoyant car le Gin est souvent dilué dans du tonic accompagné d’une rondelle de concombre, parfois d’un zeste de pamplemousse ou encore de poivre noir. Pourquoi les industriels se préoccuperaient de la qualité si la clientèle non initiée ne fait pas la différence ? Antoine et Julien questionnent notre consommation, sans jugement, avec pour simple envie de partager leur amour des choses qui font sens. 

Le London Dry Gin est élaboré artisanalement à partir d’avoine qui est d’abord empâtée et fermentée, puis distillée trois fois. C’est lors de l’étape de la distillation qu’est intégrée la dizaine d’herbes aromatiques nécessaires pour obtenir la précieuse bouteille. Les arômes plaisants détonnent, la rondeur s’exprime et l’onctuosité agréable caractérise le London Dry Gin.

La Distillerie de la Roja propose aussi La Vodka 1825, composée de pommes de terre issues d’une association redistribuant les légumes non calibrés refusés par la grande consommation. Par ailleurs, quelques bouteilles d’alcool à base de mirabelles, pruneaux, cerises, cueillis sur des arbres de leurs proches, se baladent dans la « cathédrale ». Malheureusement, ces liqueurs ne sont pas encore en vente car la production est encore trop petite, mais nous gardons l’espoir d’en trouver un jour dans les rayons de la Brouette. 

En raison des choix de fabrication artisanale de la Distillerie, le coût de revient est supérieur à une bouteille industrielle. Il en résulte un prix de vente plus élevé d’environ 10chf par rapport aux autres marques. Antoine et Julien sont conscients qu’une véritable révolution doit être mise en place pour inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre. Leur travail contribue à changer les modes de production dans le canton de Vaud et montre qu’un modèle écoresponsable est réalisable. En finalité, les deux associés nous offrent la possibilité d’élargir notre passion pour le Gin et la Vodka en explorant de nouvelles sensations, tout en restant dans notre terroir vaudois.